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L’oeil de Louis Adrien

by Megane Comments 2

Louis Adrien Le Blay c’est avant tout un observateur qui aime se perdre dans les méandres d’une ville ou d’un espace. Il les reconstruit, les interprète avec son objectif toujours en poche. Voyageur aguerri, il nous a déjà surpris plusieurs fois en re-créant une vision personnelle de son environnement. Passant du monde de la mode à celui de notre société contemporaine en un clic, il a su nous surprendre sans jamais tomber dans le cliché. Vous pouvez retrouver une de ses séries – Volt a way – pour Le Dernier Etage ici. Nous allons vous faire entrer dans l’oeil de cet artiste urbain.

 

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Extrait de la série Volt a way réalisée pour le Dernier Etage

Son univers sombre et mélancolique, parfois décharné, incarne une société post-industrielle digne de science-fiction. Ses personnages habitent les lieux dans une apparence graphique, presque robotique. Il nous transporte dans un monde digne d’un Black Mirror, pouvant être à la fois déroutant et émouvant. Il interroge notre société en faisant revivre des lieux oubliés. Le Dernier Etage a posé quelques questions à cet artiste qui nous livre un beau message d’ouverture d’esprit et de poésie.

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Depuis combien de temps que es-tu à Paris et pourquoi as-tu choisi cette ville ?

Très enchanté de commencer cette interview sur une question  » parisienne » ! Ville de mon cœur, je suis arrivé de ma Bretagne en 2001, et ça je ne l’ai pas vraiment choisi, à l’époque j’avais tout juste 13 ans, j’ai juste suivi les pas de ma mère qui s’est ré-établie professionnellement ici à Paris ! Mon histoire avec notre capitale ne date donc pas d’hier ! J’y ai vécu des choses formidables… j’ai tout de suite était très curieux dans cette jungle urbaine, j’adorais déjà vers 15-16 ans me balader dans pas mal d’endroits… à l’époque c’était en skate et rollers à fond, aujourd’hui c’est mon appareil photo qui m’accompagne dans mes randonnées ! En revanche j’avais choisi mon quartier, qui était le 20ème arrondissement à Saint Fargeau/Ménilmontant, comme un air de village dans la ville, j’adorais le climat de ce coin peu connu de Paris. Aujourd’hui, comme dans une histoire d’amour, il y a un moment où l’on a besoin de prendre du recul sur la ville et je me suis installé il y a peu sur un petit bateau nommé Hamra en banlieue Parisienne – je flotte sur la Seine !

Comment t’es-tu formé à la photographie?

Je me suis formé de trois manières différentes, mais complémentaires… Le baccalauréat en poche, je savais depuis longtemps que je voulais être photographe, j’ai alors pu intégrer l‘école EFET où j’y ai fait une formation de 3 ans entre 2007 et 2010. Je salue d’ailleurs les résistants de ma promo (la meilleure de toutes!) avec qui nous avions partagé trois années enrichissantes, et où tout le monde se soutenait les uns les autres ! Ensuite sorti de l’école, j’ai eu la chance d‘assister un excellent photographe du nom de François Rousseau, avec qui j’ai beaucoup appris malgré ma jeunesse. Je sais que ce que j’ai pu vivre dans cette expérience reste encré à jamais dans ma vie professionnelle ! Aussi… mon coté « autodidacte » je l’ai acquis en commençant mes descentes interdites dans les « catacombes » de Paris.

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Les « K-TA » sont une école de la vie mais aussi pour la photo, on ne part plus d’une feuille blanche, mais d’une feuille noire, où tout ce que tu veux montrer, tu dois l’éclairer, tu choisis aussi ce que tu veux cacher… Et c’est un endroit hostile où il n’y a pas d’électricité, du coup on y apprend beaucoup techniquement en se débrouillant à jongler entre des techniques d’éclairage à la bougie, à la lampe de mineur, ou encore de light- brush ou light painting… Notre premier projet en binôme avec Florian Calteau est sorti en 2009 et était intitulé RastaKtalight&KtaColors, il s’agissait de montrer le lieu avec une multitude de couleurs, pour aller à l’encontre de la vision perçue extérieurement d’un endroit sombre et peu commode !

Quelles sont tes inspirations ?

Je ne me pose que très rarement cette question, je fais les choses naturellement… J’aime mon espace de studio où j’ai le temps d’essayer, d’apprendre encore des choses avec les personnes avec qui je travaille être plus « relax » sur la conception de mes attentes… on peut rebondir facilement si il y a quelque chose qui ne fonctionne pas… En revanche en extérieur et notamment dans les lieux post-industriels on ne travaille pas de la même façon, ce sont des lieux où on est loin, voire très loin du risque zéro, mais c’est ce qui provoque aussi une excitation… le danger, la sécurité, l’interdit… en dehors de la simple photo à réaliser, il y a énormément de paramètres à prendre en compte. Je me sens responsable des personnes qui nous accompagnent, même si j’ai un super assistant. Je dois moi aussi rester vigilant sur ce qui peut se passer. Les conditions ne sont pas les mêmes, souvent aussi le climat nous pousse à agir vite, c’est un peu un sprint photographique dans ces moment là, on ne shoote pas 8000 photos, on essaye d’en faire peu mais bien… parce que nous n’avons pas beaucoup de temps… la photographie devient mission… De plus on se doit de rester extrêmement discrets.

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Du coup je trouve mon bon équilibre entre mes aventures urbaines d’une rare intensité et le côté calme et reposé du studio ! Cependant à chaque séance je prends toujours un temps de réflexion et de méditation avant d’attaquer pour ressentir l’énergie présente qui règne dans un espace, c’est important pour ne pas faire n’importe quoi inconsciemment.

J’essaye au maximum de regrouper ces deux univers que sont la photographie de mode/portrait, et l’exploration, j’ai eu la chance d’avoir de beaux projets commandés allant dans ce sens, que ce soit pour du mobilier design ou du vêtement, sans oublier notre projet Highlight mené avec mon ami Psyckoze, pionnier du graffiti en France, que nous avons exposé cette année.

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Extrait de l’exposition Highlight

Dans les deux cas, que ce soit dans les projets personnels ou professionnels, je remercie les gens sur qui je peux compter et qui ont confiance dans mon travail. Je ne pourrais pas faire cela sans eux non plus ! J’ai la chance d’être entouré de personnes fidèles avec qui on se sert les coudes, et dans cette époque sociale compliquée, ça fait du bien de pouvoir avancer ENSEMBLE!

Ma photographie ne sert qu’à vouloir exprimer une meilleure vision de ce qui nous entoure, de ce que j’aime, et qui j’espère peut susciter la curiosité à qui veut bien le voir !

Merci à Mégane et Le dernier étage de me permettre de m’exprimer sur ce qui me fait avancer !

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MeganeL’oeil de Louis Adrien

2 commentaires

  1. psyckoze

    Ayant à maintes reprises travaillé avec Louis-Adrien, je tiens juste à dire que c’est un artiste plein de talent, qui a le souci du détail, qui ne laisse rien au hasard si ce n’est sa créativité et son envie, un jeune photographe en devenir qui je suis sur ira trés loin… Big up & NOLIMIT….

      
  2. Pingback: Interstices - Différents regards sur la ville - Le Dernier Etage

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