Mégane, mannequin professionnelle nous livre sa vision glaçante d’un monde tout en paillettes, ça donne envie.
Une bonne mannequin ça ne dit rien. Une modèle n’ouvre pas sa bouche. Ou alors, seulement pour sortir de son arrogance, ça esquisse un sourire. Ça parle parfois, ça acquiesce surtout. Une mannequin doit être belle c’est tout ce qu’on lui demande et pas trop intelligente. Un peu quand même pour comprendre ce qu’on lui demande. On vend, enfin nos bookers vendent notre corps, notre photogénie. Ce qu’il y a à l’intérieur n’est pas censé avoir d’importance. L’intelligence casse le mythe de la douceur et de la niaiserie. Le cerveau nous fait redescendre sur terre.
« Et en plus elle est pas conne ». Non pas que je sois intelligente, mais on s’étonne souvent de trouver un cerveau derrière ces cheveux blond. Ça explique peut-être pourquoi, sur certains castings, on nous ignore complètement, les directeurs feuillettent nonchalamment notre book ; et quand ils nous les rendent sans nous regarder, murmurent un « merci au revoir ». On glisse dans cette routine et on oublie que l’on peut penser. Dans les appartements de mannequin, on ne parle pas beaucoup. Enfin,si, parfois quand même on a des discussions et même des débats, pour savoir si il vaut mieux mettre telle ou telle ceinture avec cette robe.
(Photo by Flerk)
La vie de mannequin a plein temps peut faire rêver. Et pourtant, trouble anxieux, trouble dépressif, trouble de l’image corporelle et je ne parle même pas des troubles des comportements alimentaires (anorexie, boulimie) font partie de la profession. Il faut avoir un sacré mental pour survivre dans ce milieu de papier glacé. C’est le cas dans d’autres types de travail sauf qu’ici on en parle pas. Il y a encore très peu d’études à ce sujet
Déshumanisée par la profession et idéalisée par le monde extérieur, on se soucis peu de notre santé mentale. On pense toujours que les mannequins ont la belle vie. Oui c’est vrai, une mannequin vole toujours en première classe et lorsqu’elle arrive à l’aéroport, son chauffeur privé l’attend avec un panneau rose poudré indiquant juste ses initiales. Ensuite elle s’installe dans un luxurieux hôtel où l’attendent des petits fours allégés. Je dois vous avouer que ce n’est pas la réalité. Heureusement d’un certain côté, ce serait presque ennuyeux.
La réalité se rapproche plus d’un roadtrip solitaire dans une jungle citadine que d’un voyage féerique à Disney. On trouve quand même quelques exceptions privilégiées appelées « Top model ». Comme son nom l’indique il ne s’agit que d’une infime partie. Pour tous les autres porte-manteau vivants, c’est plus compliqué.
Il fait beau, les oiseaux chantent et les belles restent muettes, c’est mieux comme ça.
