« Régime miraculeux du Doc Ducon », « mincir en 24 heures », « liposuccion maison »…. Vous n’en avez pas marre de ces recettes censées vous faire ressembler à un idéal éditorial ? Ce sont ces mêmes magazines qui publient des photos ultra retouchées ou d’anorexiques. Ils pensent nous faire croire qu’en appliquant leurs remèdes on aura une chance de leur ressembler.
Cette tendance lancée par les commerciaux pour nous faire consommer toujours plus, nous incite à pousser notre corps pour être « optimal ». Fine mais pas maigre, athlétique mais pas bodybuildée, belle peau, pommettes rosées, longues jambes (on peut les allonger aussi avec des Louboutin)… La liste est infinie. Le dicton « un corps sain dans un esprit sain » n’a jamais été aussi tordu. On vide notre corps pour remplir notre esprit (soi-disant). On pense que si on a l’apparence d’une brindille, on sera mieux vu. Le pire, c’est que c’est vrai. On sera plus apprécié des autres parce qu’ils auront bien appris leur leçon et qu’une fille qui est mince voire très mince, c’est une fille en bonne santé. Si jamais elle a des formes, alors il y a quelque chose qui ne va pas chez elle. Ça fait partie de l’inconscient collectif. Bien-sûr il ne faut pas généraliser. Qui n’a pas une bonne copine ronde ? Vous savez celle toujours célibataire et témoin le jour du mariage de l’héroïne dans les films américains. Si jamais vous avez une copine grosse, arrêtez de la regarder avec pitié. C’est plutôt elle qui devrait avoir ce regard devant vos privations. Ce racisme des formes existe de plus en plus (hormis si elles sont placées uniquement sur les parties féminines – entendez par la les seins et les fesses).
« Tu manges quoi le midi ? Une barre Gerbiléa et une pomme ».
Le régime mannequin s’applique au commun des mortels. On s’échange nos recettes diététiques, on se déculpabilise en mangeant une barre Spécial K plutôt qu’un mars classique. On fuit les Ronalds, ou on les mange en cachette. Bref on culpabilise sur le fait que se faire plaisir gustativement puisse impacter notre capital superficiel social. Ça a du bon, ça alimente (oh le mauvais jeu de mots), les conversations. Avec les discussions sur son propre régime ou sur le fait que telle ou telle star ait pris du poids (« t’as vu Di Caprio, il ne ressemble plus à rien, c’est dommage… », « ah ouiiiiii, j’ai vu, c’est horriiiible. Le pauvre » il y a de quoi tenir des mois…
Il reste quand même une infime minorité (celles que l’on déteste): celles qui ont une prédisposition naturelle au poids idéal et celles qui mentent. Ce serait de cette dernière catégorie dont il faudrait se méfier. Elles sont beaucoup plus nombreuses qu’on le pense et savent parfois très bien mentir. « Moi ? Un régime, pas besoin… J’ai pas fait de sport depuis le lycée et encore c’était juste parce que c’était obligatoire ». Ces gazelles pourtant fines, ne le sont pas « naturellement ». Elles ne mentent pas vraiment quand elles disent qu’elles ne font pas de régime. Elles utilisent juste d’autres stratagèmes. Pour en avoir côtoyé quelques unes, vous avez le choix entre différentes options toutes aussi… ragoutantes. Je vous propose donc de vous dévoiler ici les secrets de ces petites cachottières afin que vous vous débarrassiez enfin de ces régimes inefficaces. Voilà enfin les vraies solutions pour sortir en bikini sexy :
Option 1 : Le Laxatif : Sous la forme de petits comprimés à l’apparence d’un bonbon, vous les trouverez dans les bienveillantes parapharmacies soucieuses de votre apparence corporelle. Vous pouvez aussi les trouver au supermarché après avoir acheté du chocolat au rayon diététique ( il est à côté de l’étalage des bonbons, les commerciaux sont sympas, ils ont pensé à tout). Il vous suffit d’avaler la pilule et d’attendre.. Je vous conseille d’être chez vous.
Option 2 : L’ancestral Vomi : Oh oui, ça va plus ou moins vite, mais c’est radical. Pas besoin d’outils, un doigt suffit. C’est magique on appuie là où il faut et le gâteau au chocolat qui nous fait tant culpabiliser ressort.
Option 3 : La poudre blanche : je ne parle bien-évidement pas de farine. C’est l’option que je vous recommande la plus. Elle permet d’allier un effet coupe-faim à une dépense d’énergie et peut se prendre plusieurs fois dans la journée. Et si vous en avez de trop, passez-en à vos potes, ils sauront quoi en faire.
Avec ces solutions, c’est vrai, il faut choisir quelle partie de son corps on veut « irriter ».. Nez, gorge, ou… Mais au moins, plus de régime ! Vous pourrez manger ce que vous voudrez.
J’espère que vous aurez saisi l’ironie qui n’est malheureusement pas qu’une exagération. Je connais au moins une personne pour chaque option qui utilise plus ou moins régulièrement ces techniques. OK, elles sont mannequins. Généralement, cela est associé a un mal-être plus profond que la seule volonté de transformer son corps. Mais ça ne change pas le fait que ces pratiques (surtout celle des laxatifs ! ) soient cautionnées par le système de consommation. Regardez les rayons diététiques, ils n’ont jamais été aussi gros. Regardez les boutiques de nutrition sportive qui pullulent dans les villes. Cela va au-delà de la simple précaution alimentaire. Le ‘manger sainement et faire du sport’ paraît incompatible avec notre style de vie.
Dans ce rythme où l’on travaille (ou pas), quand on rentre pas le temps de faire du sport ou de se préparer à manger. D’après les données de l’INSEEE, on passe 25% de temps en moins a préparer nos repas qu’en 1986. Plus besoin de faire à manger, les supermarchés le font pour nous. Une barre chocolatée suffit pour une journée. Il n’est pas loin le temps ou l’on ne mangera plus que des poudres à réchauffer par micro-ondes ou du Soleil Vert. Et pourtant, dans le métro ou lors d’une balade en ville, on est très vite intoxiqué par les publicités sur les comestibles. « Mangez- nous », le message n’est même plus subliminal. Après avoir fait une diet draconienne, s’être accroché pendant une semaine a un régime strict, bien-sûr qu’on salive quand on voit un beau burger, ou un beau rizotto (pour les vegans). On nous vend le poison et le remède. Un peu comme dans le film Inhérent Vice. Si vous ne l’avez pas vu, regardez le un jour de grisaille ou à partir de 4heure du mat’. Vous comprendrez le lien. Ce n’est pas un secret, les stratégies de communications alimentaires pensent nous faire croire que dans un yaourt, un fromage se cache une sorte de pouvoir magique ;
‘GRANY, force de la nature’, pour les sportifs, Ceux qui nous font rêver, nous rendent meilleurs; ‘il n’y a que Maille qui maille’, ‘un peu de Lesieur, un peu de vous et ca fait tout’, ’Saint-Yorre, mon corps et moi on adore’, ‘Nesquick, pour devenir grand et fort’ ( il y en a pas mal qui ont dû passer a cote )
Il y a aussi les aliments qui socialisent: Curly ‘si t’as pas d’amis, prend un ….’, ‘caprice des dieux, caprice a deux’, ‘Ricore, l’ami des bonnes journées’
Reste aussi les produits misogynes; ‘Bledina, du côté des mamans’
Vous connaissez sûrement les dangereuses ; ’ crêpes whaou, le gouter qui rend complètement Whoua’, je conseille aux parents qui achètent ce type de quatre heures de faire très attention; apparition de démences fréquentes.
Et mon préféré ‘mmmm charal, on n’a pas fini de vous faire aimer la viande’ pour les tendres viriles. Outre le fait que ces publicités fassent rire, elles s’ancrent dans notre mémoire et nous poussent à consommer certains produits qui auraient plus de potentiels que de simples fruits ou légumes. Pourquoi vendre un simple aliment nourrissant lorsque l’on peut y ajouter un supplément indispensable. Certains arguments de ventes seraient plus fréquents, comme le note en 2011 le Culture et Santé paru a Bruxelles. Convivialité, plaisir, authenticité, éthique prix, appartenance identitaire et santé/bien-être.
Après avoir lu cela, si vous vous frustrez encore devant une quiche lorraine, que vous vous culpabilisez après avoir mangé une bouchée de trop de yaourt 0 % ou que vous vous torturez l’esprit à chercher un régime qui marche, allez donner des coups à un Ronald. Vous verrez, ça vous défoulera et en plus vous brulerez des calories. Sinon, je vous propose « utopiquement » de vous accepter, de déchirer toutes les couvertures de magazines sur lesquelles vous verrez marquer « régime », « détox »…. (y a du boulot), et de trouver d’autres sujets de conversations avec vos collègues à la pause café. Et tant qu’on y est, vous pourrez enlever de la liste des indispensables les « supers aliments », « sans gluten » et soi-disant « bio ». Ça coûte plus cher et c’est la même bêtise que tout ce que vous achetez en supermarché. Retournez plutôt chercher vos fruits et légumes au potager de mémé, elle sera contente et votre ventre aussi.
