L’artiste, Antonio Gallego ouvre la porte du Dernier Etage avec son charme et son talent.
Alors que le Dernier Etage bouillonne pour boucler son premier numéro, les chroniqueurs s’agitant, les flashes crépitant, les claviers frappés frénétiquement, on entend siffloter dans l’ascenseur.
Antonio Gallego s’invite dans Le Dernier Etage! Un vent de légèreté accompagne l’artiste, vêtu d’une chic veste en tweed et de chaussures anglaises. Le sourire aux lèvres de l’homme heureux, et la simplicité du génie. Invité aux quatre coins du monde, il nous conte ses histoires de Mongolie à l’Islande en passant par Tokyo et Berlin dont les murs gardent encore les traces de son passage.
La nonchalance et l’autodérision laissent place à la concentration de l’artiste, puis à l’ivresse créatrice d’un homme happé par son œuvre. Une feuille de papier, un crayon en main, quelques instants de réflexion, et il inaugure la galerie d’un coup de crayon magistral.
Antonio quitte le Dernier Etage en offrant son interprétation : il développe une imagerie de la hauteur, mélangeant science et sacré, infiniment grand et infiniment petit, calme et inquiétude. Sur ce thème, il propose une œuvre intense. Venant du centre de la toile, un ange semble déchirer le décor et s’expose au milieu des astres. Il prête son crayon pour magnifier la hauteur du Dernier Etage : la beauté n’en est pas moins puissante qu’elle est fragile.
Pour cette première, Antonio Gallego aura enfoncé les portes du Dernier Etage, il y aura imprégné son verbe haut et son talent.
Un artiste, pas un faiseur.
Un moderne, pas un contemporain.
Évidement, il préfère le geste de Pollock aux traits experts de David. Pourtant, il ne néglige pas la technique, il a fait ses armes aux beaux-arts et enseigne le dessin à l’université. Autant dire que son coup de crayon est maîtrisé, parce que formé aux beaux-arts. Pas d’erreur, pour Antonio, l’artiste n’est pas un faiseur.
Il n’appartient pas à « l’establishment » : il en a toujours refusé les codes, l’apparat, le clinquant et l’ego-autiste de l’artiste préférant partager des aventures flibustières que ce soit avec son groupe « Banlieue-Banlieue », un des précurseurs du street art des années 80 ou aujourd’hui avec « UN NOUS », sorte de coopérative artistique.
Il a créé son propre univers : les rues sont sa galerie, son atelier à ciel ouvert.
Son public ne se sait pas comme tel, il ne vient pas consommer de l’art, il est simplement passant et s’étonne de ses collages. Ses œuvres sont parfois uniquement composées de mots : » un arbre « , « un ministre », « un collaborateur ».. .
Il ne signe pas, il propage.
Ne se limitant pas à des chiens en forme de ballon, il apostrophe ses spectateurs. L’artiste aurait encore un rôle politique dans la cité, et pas seulement celui de marchand de rêve.
Pourtant, chez cet artiste détonnant, aucune rancœur, aucune envie, aucun mépris pour les artistes qui ont choisi une autre voie. L’art est un chemin singulier, la rencontre entre un homme et sa vision du monde, il ne se revendique d’aucun mouvement. Et si d’autres choisissent d’exprimer leur singularité dans le jeu contemporain, grand bien leur fasse. Il en admirera les vrais artistes, et laissera à leur médiocrité les autres.
Alors que l’artiste contemporain se doit de courir après la gloire, sa cote en dépendant, et que la main de l’artiste a déserté l’œuvre préférant la rapidité de la machine, Antonio est de la vieille école, celle des peintres du début de siècle. Tranquille, il fait ses aquarelles l’été, ses tableaux l’hiver.
Un artiste est entré, un ami est parti.
A bientôt l’ami et encore merci !