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Créativité et élégance, une rencontre high yield

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L’étonnante et dérangeante œuvre de Nabokov, Lolita, terme devenu courant, est adaptée au cinéma en 1966 par Stanley Kubrick. Aussi le réalisateur met-il en images les histoires sulfureuses d’une jeune fille avec des hommes bien plus âgés qu’elle : cette Lolita s’éprend d’abord de celui qui a épousé sa mère et, suite à la mort de cette dernière, entretiendra une relation innommée avec ce beau-père qui peut enfin assouvir ses fantasmes.

       Cet homme est joué par le beau James Mason à l’allure raisonnable et paternelle qui inspire confiance. Les costumes qui lui ont été confectionnés pour l’occasion nous en apprennent long sur l’élégance et la créativité, deux qualités que l’on a trop tendance à opposer.

 

lolita humbert kubrick

 

Avant tout, les vêtements ce professeur de littérature manifestent la parfaite maîtrise des codes vestimentaires. Prenons ses costumes : une veste toujours plus foncée que la chemise, une cravate aux motifs sobres tranchant avec la beauté immaculée d’une chemise très souvent blanche, une taille idéale laissant les bords de la chemise à boutons de manchette dépassés de la veste.

Il n’y a rien à redire, son style est parfait, et ce en toutes circonstances qu’il soit en costume, dans un pyjama de soie à pois d’un raffinement viril ou même dans son bain. Et pourtant…

Des choix à contre-courant réussis avec maestria

 

lolita humber le dernier etage

 

Certes, il a un style d’une élégance irréprochable ; certes, il affiche une allure droite réussissant l’improbable mélange d’aisance, de distinction et de virilité. Mais, je vous vois venir, que dire de son costume beige ? De son smoking blanc ? Ces choix sont normalement à proscrire ! Oui, mais pas pour tout le monde. Ceux qui maîtrisent les règles de l’art à la perfection peuvent se permettre de s’en détacher en temps voulu.

Une veste de smoking blanche serait certainement mal portée par le quidam : une surexposition du blanc, une vulgarité sans nom avec une chemise noire, un besoin d’exister affiché avec indécence…

Mais non, le professeur Humbert la porte parfaitement : d’abord, elle n’est pas blanche mais crème ce qui fait valoir la règle de l’équilibre des couleurs ; la coupe est parfaite car mettant en valeur sa stature et son maintien sans en faire trop, et sa couleur est contrebalancée par un pantalon d’un noir profond.

Kubrick réussit l’incroyable mise en abyme : ce seul smoking permet de saisir la complexité du personnage et de l’histoire, des choix à contre-courant (le professeur Humbert n’est-il pas le seul à avoir un smoking blanc dans la scène ? Et une relation avec une jeune fille ? Sa propre belle fille ?) permis par une parfaite maîtrise des codes et des apparences (le mariage, la figure paternelle, la vie professionnelle…). Ut pictura poesis.

La mode Hipster comme beaucoup d’autres se fonde sur ce principe ; l’idéologie en est superbe ! Le discours est le suivant : parce que l’on connaît les codes de la mode, ses ressorts et sa logique, on se permet de les tordre, de les bafouer avec une créativité et un goût impeccable. D’où les improbables bretelles, barbes et autres imprimés apparemment totalement démodés. Ceux qui n’adhèreront pas à ces looks littéralement hors normes seront bannis au rang de non-initiés.

Il faut prendre garde : avant de vous abandonner à des choix peu commodes, assurez-vous de maîtriser les classiques. Alors vous avez compris pourquoi certains qui tentent l’aventure du contre-courant sont souvent ridicules. Et oui, ils ne maîtrisent pas les codes élémentaires, donc échouent la transcendance. Mais rassurez-vous, c’est pour cela que cette rubrique existe, maîtriser le vestiaire masculin et son élégance sans faute.

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